Slaheddine HADDAD, Carnets Ichkeuliens


Le lac Ichkeul se trouve au nord de la Tunisie, non loin de Menzel Bourguiba, où est né Slaheddine Haddad. Ses Carnets Ichkeuliens sont un retour vers des paysages et des lieux urbains qui restent inscrits en lui. Il les retrouve par bribes au fil de pages peuplées du bruissement du vol des oies cendrées sur fond de bleu et d’ocre. Les lieux se croisent comme les évocations. Phrases entendues et remémorées en réponse à une sensation : « L’odeur d’une femme à travers des persiennes d’été éveille en moi l’écoulement / "Les filles de bonne famille doivent marcher dans la rue tête baissée. Une fois mariées, elles doivent même l’enseigner !" rappelait ma mère la tête ficelée dans un foulard pourpre. » Bribes rassemblées pour retrouver des images enfouies dans le passé : « J’oublie (est-ce normal ?) d’évoquer cette autre boulangerie tenue par des khoutifat de Matmata. Comme la nôtre, elle chauffait aux sarments de vigne et au bois d’olivier, mais c’était du pétrin que venait la différence. » Profondeur des eaux et du ciel, espace des oiseaux de passage, Slaheddine Haddad y puise les reflets perdus qui ricochent dans sa mémoire, sans nostalgie, avec la retenue de mots issus du quotidien. D’une pause à l’autre, les fragments du passé entrouvrent des échappées sur ce qui n’a pas été dit, d’autres lieux, d’autres émotions tues.

Cécile Oumhani 



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